De retour après 9 mois…

On December 8th, 2010, posted in: BLOGUE, EUROPE by 15 Comments

Ouff… 5 h 53. La rafale souffle des bourrasses de neiges dans la fenêtre. J’écarte le rideau pour voir les lumières de Noël de notre premier voisin. Étrange, elles sont restées allumées toute la nuit. Nous ne sommes définitivement plus en France. Quoique ces derniers jours passés en Normandie nous ont préparés au retour : gros flocons; -2°C; 20 cm de neige…C’était tout blanc, mais quelle humidité pénétrante! C’était comme si dame nature nous préparait elle aussi au retour. Un retour tout en douceur qui confond les distances. On a quand même traversé l’Océan Atlantique après tout. Voyager dans le temps et dans l’espace, quoi de plus facile de nos jours. Pourtant, à 11h57 ce matin ou plutôt 5h57 heure de Montréal, un drôle de sentiment m’habite. Quelque chose qui ressemble à un choc géographique. Je suis chez moi, dans mon appartement, où rien n’a vraiment changé, les planchers de bois franc, la cuvette et le bain semblent même plus brillants qu’à notre départ. Je soupçonne que nos détergents bio ont passé un long séjour enfermé dans le placard… merci à nos sous-locataires qui ont pris grand soin de notre petit nid. Cependant, ce matin je pourrais être n’importe où, mais je suis chez moi. Dans ce lieu statique qui n’a pour seul marqueur temporel que la croissance des plantes. D’ailleurs…drame! Notre arbre, le plus grand arbre, le doyen de la rue Allard a été supprimé en notre absence. Rien ne sera plus comme avant. Notre année 2010 sera également marquée par sa disparition. Rien ne sera plus comme avant, pourtant rien n’a changé.

Le choc culturel pouvant définir l’expérience de l’expatrié ou de l’aventurier ne s’applique pas dans mon cas. J’admets néanmoins que les travailleurs à l’aéroport de «Trou d’eau» ont un accent très prononcé qui fait sourire et rassure à l’arrivée. À cet instant, je réalise qu’il y a longtemps que je suis partie, car, sans m’adresser la parole, on me souhaite la bienvenue. Rien n’a changé, car c’est ici chez moi ou plutôt chez nous, mais la magie du retour permet au voyageur, pendant un bref instant, de porter un regard nouveau sur son «chez lui». Comme si, une distance émotionnelle s’était créé au fil du temps passé à l’étranger. J’adore cette sensation et je réalise être désormais profondément attaché à ce sentiment o’combien éphémère qui accompagne le retour… Aurais-je, cette fois, ramené de nouveaux outils qui me permettront de le conserver ou d’en prolonger ces effets hallucinogènes? Un peu plus tard, en marchant sur la rue Allard en pleine tempête de neige une sensation me traverse, un rappel de la Bulgarie pourtant visitée en août dernier. Mais qu’est-ce qui me rappelle la Bulgarie à ce moment précis? L’éclairage diffus des lampadaires dans la tempête? La surface instable du sol couvert de neige qui accueille chacun de mes pas? Les habitations cubiques, uniformes et continues qui isolent l’espace public? Le contraste avec le reste de l’Europe de se sentir au Far West? Il y a définitivement un sentiment de Far West commun à Ville-Émard et à la Bulgarie.

Quelques pas de plus, fouetté par le réel, je remets le pied chez mes parents. C’est là, encore plus qu’à l’appartement où nous n’avons même pas pris le temps de défaire les bagages, que le sentiment d’être «chez soi» me frappe. À l’extérieur, comme à tous les ans à l’approche de Noël, les décorations brillent et ma mère a sorti son carillon : Alléluia, Alléluia, Allééluia qui annonce notre arrivée. La porte s’ouvre et il fait chaud, une chaleur unique. Comme si j’étais bombardé par des milliers d’ondes radioactives provoquées par la scission d’un atome se trouvant au centre de leur demeure. Ma sœur et Daniel son déjà-là, Jacynthe et Tyler arriveront quelques instants plus tard alors que nous parlerons à Francine et Ghislain dans la soirée. Ce lieu, tout comme l’amour qui s’en dégage, est unique. Il n’y a pas de doute, je suis de retour à la maison et j’y rapporte dans mon cœur de nouvelles amitiés d’outre-mer. Nico, Adèle, Louison, Eulalie, Tonton Léo, Josiane, Delphine, Anne, Toma, Lili, Alex, Svetla, les Dagaud, Michael & Rudy, Edith & Gilbert, Nelly, Jacqueline, Monsieur et Madame Ebrard, Momo, Marie-Thé & Jean-Claude, Viviana & Angel, Carlo, Madame & Monsieur Mathieu, François, Marie, Chris, André, Véro & Mathieu, Monsieur & Madame Laroulandie, Frami… merci pour ces 9 mois inoubliables et à bientôt !!!

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15 Responses to De retour après 9 mois…
  1. Quel plaisir de te lire !

    Bienvenue chez toi !!!

    Séb.

  2. Quel beau récit! C’est vrai que l’euphorie de retour est éphémère. J’ai une idée pour contrer ça! On n’a qu’à aller souper chez tes parents tous les lundis soir pour répéter l’expérience! hee hee hee! Je suis TELLEMENT contente de vous retrouver!!! XXXX

  3. WOW !!!
    Quel message touchant par sa justesse des propos et sa poésie.
    Une vraie plume d’artiste, profondément humaine.
    Je vous souhaite un bon atterissage en votre centre.
    BON RETOUR et un joyeux temps des fêtes à vous deux.
    Je vous embrasse.
    Au plaisir de vous voir.
    Caro Pascal xox

  4. Bienvenue au pays…à vous deux.!

    Mon pays, ce n`est pas un pays, c`est l`hiver…! Ah! Ah! Ah!

    Quelle expérience formidable tu as vécu, et quelle belle façon de raconter ce vécu.

    Bravo et à bientôt.

    robert

  5. Wow!
    J’ai tellement hâte de vous voir!

  6. Quelle belle histoire si bien racontée! Bienvenue à vous deux! En espérant vous voir dans le temps des fêtes! xx

  7. Salut que c’est beau et véridique pour ce que tu as vécu, ce que vous avez vécus. Je n’avais pas eu le temps de te lire aujourd’hui mais au souper ce soir avec des amis qui eux savaient il n’y avait que des éloges pour ce récit. Souvenirs inoubliables.

    Nicole

  8. Marie (de la MSHS) December 9, 2010 at 4:39 AM Reply

    Quel retour émouvant !
    En espèrant vous revoir bientôt.
    Bonnes fêtes de fin d’année.

    Bises

  9. Bon retour chez toi! La narration que tu fais de tes emotions et pensees lors de ce retour ont touche mon coeur de poete! Je ne te connaissais pas ce talent dans le verbe et tu as rejoint mes propres sentiments. J’ai hate de te revoir!..Lou.xx

  10. eh bien , voilà que j’ai les larmes aux yeux en te lisant ! tu décris ces sensations avec beaucoup de justesse !

    merci à vous aussi pour ces moments vraiment inoubliables !
    bises
    delphine

  11. Bon retour à nos chers proches!

  12. Bien oui quel merveilleux texte!
    L’émotion qu’il porte est très intense,toi vraiment,
    tu es en parfaite harmonie avec ton corps, tu ne laisse pas la réverbération de l’espace-temps s’accentuer sur ton univers obscur…
    ahahahahahahahahahahahahahahahaha chu crampé!!!!!!!
    té fort mon beniboy!!


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